Les 8500 agents de la Région Nouvelle Aquitaine étaient appelés par l’intersyndicale (CGT, CFDT, FAFPT, FO, FSU, UNSA) à faire grève et à manifester à l’occasion de la réunion plénière du Conseil Régional à Bordeaux. A l’ordre du jour de cette séance plénière : les conditions d’harmonisation des droits sociaux des agents.
8 cars ont conduit les agents à Bordeaux. Ils ont rejoint leurs collègues du siège et des lycées de la Gironde. Des rassemblements ont eu lieu également à Limoges et à Poitiers dans les anciens hôtels de Région ainsi que dans de nombreux lycées. Voir notre revue de presse en ligne.
Parmi eux, les animateurs culturels des lycées du site de Poitiers se sont mobilisés plus spécifiquement pour leur avenir professionnel et celui de leurs missions au service des lycéens. Lire à ce propos.
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La séance du Conseil Régional peut être visionnée dans son intégralité sur le site de la Région
Le fil des événements :
- 10h30 : une centaine d’agents se sont réunis dans le cadre de la grève dans l’ancien Hôtel de région à Limoges, presque autant à Poitiers à la Maison de la Régiion. 800 sont rassemblés à Bordeaux, plusieurs centaines également dans les lycées.
Des policiers, appelés par le Président interdisent aux agents des sites de Limoges et de Poitiers, ainsi qu’à ceux des lycées de rejoindre leurs collègues du siège rassemblés dans le hall et à proximité de la salle des séances du Conseil régional.
Les élus.e.s régionaux sont accueillis par une "haie d’honneur" formée par des agents du siège et sous les huées des agents. Le président Rousset paraît très contrarié à l’ouverture de la séance plénière.
- 11h30 : Il est enfin annoncé qu’une délégation des manifestants va être reçue par des élus régionaux.
- 11h40 : Le débat sur l’harmonisation des droits sociaux débute en plénière à Bordeaux.
- 11h50 : Le questeur régional justifie en séance les choix du président.
- 11h50 : Intervention du groupe UDI qui décide de s’abstenir sur les délibérations concernant les primes.
- 11h55 : Le groupe MODEM annonce qu’il s’abstient sur les délibérations primes compte tenu des promesses non tenues par le Président.
- 12h : Le groupe FN annonce qu’il votera pour les projets de délibération sur les primes.
- 12h05 : Le groupe PS annonce qu’il votera (toujours sur les primes) au nom du « respect des engagements »
- 12h10 : Le groupe LR annonce qu’il est pour l’application des 35h hebdo, il ne semble pas avoir tout compris... des projets du Président. Il défend les suppressions de poste par le non remplacement des départs en retraite. Il appelle à une transformation profonde des méthodes de travail. Il annonce que le groupe LR votera contre la délibération sur le Rifseep et pour les autres délibérations.
- 12h15 : Le Président justifie ses choix pour une « administration du futur ». Les agents l’espèrent et l’attendent toujours...
- 12h20 : Le groupe EELV les Verts (que les représentants du personnel ont rencontré le matin) annonce qu’il a obtenu des inflexions sur le temps de travail : prise en compte des déplacements, la pénibilité,.... il demande que la question revienne en débat devant la plénière en 2018. Mais il fait le choix de voter pour les 3 projets de délibération...
- 12h25 : Le Président dit qu’il y a personne dans les bureaux le vendredi ... nous l’invitons à visiter plus fréquemment les locaux sur les 3 sites ....
- 12h27 : La délibération sur les primes est adoptée à la majorité.
- 12h28 : Le débat sur la délibération "temps de travail" est ouvert par Pierre Chéret. Il estime que les 200 000 heures écrêtées sont la conséquence d’un choix de ne pas externaliser les missions ... comprenne qui pourra. Il rappelle l’engagement du président sur la pénibilité. Il veut que le nombre d’heures écrêtées diminue, on ne peut qu’être d’accord avec lui.... mais comment fait on pour les faire diminuer ? Meilleure organisation du travail ? Augmenter les moyens ? Diminuer la charge de travail ? Baisser le niveau d’intervention ?
- 12h35 : Le MODEM annonce qu’il votera pour la délibération sur le temps de travail (sauf l’une de ses élues Martine Moga membre du comité technique qui ne votera pas la délibération). Elle souligne (à juste titre) que comme dans la Région Île de France on pourrait maintenir les jours de congé supplémentaires au titre de la pénibilité. Elle rend hommage aux agents et considère que leurs revendications sont légitimes. Merci à elle ...
- 12h45 : Le groupe PS annonce qu’il votera pour la délibération sur le temps de travail. Pour lui, le RI en hausse vient compenser la hausse du temps de travail ...
- 12h50 : Pierre Chéret présente les 2 amendements de l’exécutif sur le recours plus systématique à la visioconférence afin de limiter les déplacements et sur le respect des 12 heures maxi d’amplitude journalière et des 11 heures de repos minimum d’une journée de travail à l’autre... question : comment va t’on y parvenir ?
Les amendements s’inscriraient à l’article 1.15.1.3 du projet de règlement temps de travail (utilisation de la visioconférence) à l’article 2.4 (organisation des horaires et choix des lieux de réunion afin de permettre le respect des amplitudes horaires).
Ils sont adoptés à 13h par l’assemblée. Un amendement UDI sur les autorisations d’absence pour allaitement est adopté...
L’ensemble de la délibération temps de travail est adopté (PS, Modem - sauf Martine Moga - Udi, , Verts, LR). Le FN ne prend pas part au vote.
- 13h : Pierre Chéret ouvre le débat sur la 3e délibération concernant l’action sociale.
Le président annonce qu’une délégation de l’intersyndicale va être reçue par une délégation des élus (un par groupe politique), après 3 heures passées dans le froid et sous la pluie.
- 13h05 : Le groupe Modem annonce qu’il votera pour la délibération sur l’action sociale.
- 13h10 : Les délibérations relatives l’action sociale sont adoptées à l’unanimité. Le questeur se félicite que les débats soient déjà terminés avec une heure d’avance sur le timing .... la séance est levée par le président pur le déjeuner des élu.e.s.
Reprise de la séance annoncé pour 14h30. Bon appétit ! Pendant la pause repas, quelque peu troublée par des agents du siège, le Président lance "Vous êtes la honte de la Fonction Publique".
Réception de la délégation par les groupes politiques à Bordeaux. Nous commençons par rappeler les conditions dans lesquelles nous attendons depuis 3 heures sous la pluie, ... interdit par la police d’entrer dans le bâtiment de l’hôtel de Région, qui pourtant pour certains d’entre nous, abrite nos bureaux.
Le représentant écologiste renouvelle son engagement de suivre la question du bien être au travail avec les représentant.e.s des personnels. Ils auront au moins permis l’adoption d’amendements sur le règlement du temps de travail, que nous pourrons détailler quand nous aurons la version définitive du document.
- 15h : Fin d’une journée enthousiasmante par la mobilisation et l’engagement des collègues et décevante par la résignation de nombre d’élu.e.s à l’exception de Martine Moga qui a voté seule contre le règlement du temps de travail.
Les agents des lycées, ainsi que ceux des sites de Poitiers et de Limoges auront passé plusieurs heures sous la pluie à l’extérieur de l’hôtel de Région, interdits d’accès au bâtiment qui abrite le siège de l’institution qui les emploie, ils ne pourront pas assister aux débats qui les concerne.
Même la violence physique ne leur sera pas épargnée, une collègue a été frappée au visage par un coup de poing d’un policier, alors que rien ni dans son attitude, ni dans ses propos ne manifestait une quelconque hostilité.
Merci à tous les agents qui se sont mobilisés en grand nombre sur les 3 sites et dans les lycées. Nous espérons avoir communication dans les prochains jours des chiffres de la DRH concernant le nombre de grévistes.
L’importance de cette mobilisation, la plus forte (par le nombre de grévistes) depuis la création de la Nouvelle-Aquitaine, n’a pas permis d’obtenir de vraies inflexions lors de la plénière. Cependant quelques amendements ont été adoptés sur le règlement temps de travail, qui vont (certes très modestement) dans le bon sens.
La mobilisation a permis aux agents d’exprimer directement aux élu.e.s et au Président leur sentiment et de pointer les incohérences et les inexactitudes du discours présidentiel.
Les nouvelles dispositions vont donc s’appliquer :
- sur le régime indemnitaire, à partir du 1er janvier 2018, progressivement jusqu’au 1er janvier 2021
- sur le temps de travail, au 1er septembre 2018
- sur l’action sociale, en deux temps : 1er janvier et 1er septembre 2018.
L’ampleur de la mobilisation pèsera dans les négociations qui vont de poursuivre sur le temps de travail au cours du 1er trimestre 2018, conformément aux engagement pris par la Région (nous serons vigilants pour qu’elle les tienne). Ces négociations devraient porter sur la pénibilité dans les lycées et sur les heurs supplémentaires dans les services.
Les principaux médias ont déjà rendu compte de l’événement le jour même.
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